Catégories
Infos

Les infos de l’APHO

LE C.H.R. D’ORLÉANSdevient Centre Hospitalier Universitaire d’Orléans.

L’universitarisation du CHR d’Orléans est en marche. En effet, le 22 février 2022, M. le Premier Ministre Jean CASTEX, a décidé de créer un Centre Hospitalier Universitaire à Orléans. La signature de la convention hospitalo-universitaire programmée initialement le 27 décembre 2023, est différée à une date ultérieure. Dans cette accélération de l’histoire que nous connaissons ces dernières années, c’est un moment unique et historique que nous vivons.

——————————————————————————————–

ÉDITORIAL, 2023 : « Le CHU d’Orléans, un rêve devenu réalité ! »

——————————————————————————————–

20 janvier 2023, Dr Christian Fleury*

*Texte n’engageant que l’auteur du document

Le CHU d’Orléans, une nécessité, mais aussi un rêve qui deviendra officiellement réalité, inscrite très prochainement dans le marbre. La signature de la convention cadre hospitalo-universitaire, prévue initialement le 27 janvier, est reportée à une date ultérieure.

Par la signature officielle et définitive de la Première ministre, madame Élisabeth Borne, de la ministre de l’Enseignement Supérieur et du ministre de la Santé et de la Solidarité.

Élisabeth BORNE, Première ministre. Crédit photo: JDD.

La création du CHU à Orléans a été enfin reconnue comme la pierre angulaire de la lutte contre les déserts médicaux en Région Centre-Val de Loire, dernier espoir de contenir puis de corriger la pénurie en médecins et autres professionnels de santé de la Région. C’est aussi la reconnaissance que le CHR, pourvu de la quasi-totalité des spécialités médicales et chirurgicales, des plateaux médicotechniques des CHU animés par des équipes médicales expérimentées de niveau CHU, avec ces nombreux atouts, mérite enfin ce nouveau statut de CHRU d’Orléans et les moyens afférents.

C’est la rencontre avec enfin leur concrétisation de deux ambitions convergentes en un projet commun orléanais, projet de l’Université d’Orléans et projet du CHR d’Orléans, malgré les réticences tourangelles. Sur le plan crucial de formation de médecins, l’objectif prioritaire est de pallier l’impossibilité structurelle et technique de la faculté de médecine et du CHU de Tours d’extension des capacités de formation en médecine, malgré le remplacement du numerus clausus par le numerus apertus jugé très insuffisant (au mieux 15%-20% d’augmentation des effectifs étudiants) et incapable de corriger à lui seul la démographie médicale.

L’ouverture à l’Université d’Orléans d’une Faculté de médecine autonome, indépendante et de plein exercice à l’horizon 2025, et l’obtention de statut de CHU pour le CHR d’Orléans répondant déjà à la quasi-totalité des critères d’admission parmi les CHU ouvre la voie à une réponse ambitieuse adaptée aux besoins réels de santé de la population, à savoir la formation de médecins en nombre suffisant, même si la décision politique a tardé gravement à se concrétiser, malgré la mise en péril imminente de notre système régional de santé.

Saluons le courage politique d’une décision majeure, face aux réticences initiales des ministères de l’Enseignement Supérieur et de la Santé, suivant en cela l’exemple positif de la création réussie du CHU de la Réunion.

La mobilisation transpartisane unanime des hommes et femmes politiques de la Région n’aurait pas eu lieu ni abouti à la décision fondatrice de l’ancien Premier ministre, monsieur Jean Castex, sans les alertes répétées de déserts médicaux délétères et de désastre sanitaire avéré depuis 20 ans reprises à bon escient par le Collectif « #200 médecins » avec sa pétition soutenue par l’expertise indiscutable des médecins urgentistes du SAMU-SMUR 45, les Dr Stéphane Bathellier et Sophie Narcisse.

Le Dr Stéphane Bathellier, responsable du Samu du Loiret (c) Tribune hebdo février 2022

L’écoute et la bienveillance de l’actuelle Direction Générale du CHR, et de la Direction précédente en la personne de monsieur Jean-Pierre Gusching, conscientes des enjeux hospitaliers et territoriaux, ont apporté le soutien institutionnel nécessaire et indispensable à la revendication légitime de statut de CHU auprès des Instances sanitaires et du Ministère de la santé, lors des audits, après le constat partagé de résultats mitigés des multiples actions certes courageuses à tous niveaux, régional, départemental, communal, local censées lutter efficacement contre la désertification médicale.

Membre de l’APHO, ancien président de la CME, j’exprime ma reconnaissance sincère pour les acteurs à l’origine de ce basculement du CHR dans l’univers des CHU plein de perspectives, de promesses et de réalisations futures d’excellence pour notre Région, accélérant son accès aux technologies de pointe faisant appel à la réalité augmentée, à la robotique chirurgicale dernière génération, à l’Intelligence Artificielle dans bien d’autres domaines de la santé.

Sans pouvoir les citer tous, rappelons les actions prépondérantes de notre présidente de l’APHO, madame Danièle Desclerc-Dulac, le président du Conseil Régional de la Région Centre-Val de Loire, monsieur François Bonneau, et ses vice-présidentes chargés de la santé, le président du Département, la mairie d’Orléans, en la personne de monsieur Serge Grouard, également président du Conseil exécutif du CHR, et monsieur Florent Montillot, chargé de la santé à la mairie d’Orléans, monsieur Jean-Pierre Sueur, sénateur du Loiret, la présidence de l’Université d’Orléans monsieur Eric Duverger, maître de conférences à l’Université d’Orléans, chargé de mission « Formations en médecine » et monsieur le doyen de la faculté de droit d’Orléans, monsieur Pierre Allorant, tous soucieux de sortir du marasme médical mettant en péril la santé de la population. Il faut saluer les efforts complémentaires de la Région pour augmenter significativement la capacité de formation de paramédicaux, infirmiers, aides-soignants, kinésithérapeutes.

Un mauvais procès d’intention, facteur de retard à la bonne prise de décision pendant plusieurs décennies

Il ne s’agit pas là d’hospitalo-centrisme, ni d’ambitions personnelles extravagantes, ni de revanche, comme ont pu le craindre certains à tort. Il s’agit de mettre au service de la population générale, des professionnels de santé des secteurs public et privé, de la médecine de ville, des réseaux de santé un centre de soins d‘excellence évitant le recours à des structures extrarégionales lointaines notamment sur la région parisienne  et à terme d’un centre de formation complète des futurs médecins en lien avec la faculté de médecine d’Orléans, enfin de faciliter la diffusion de la recherche médicale au sein du CHR.

A l’attractivité économique et logistique de notre Région, va pouvoir venir s’ajouter dès maintenant une attractivité bien identifiée dans le domaine médical et sanitaire, tant pour les étudiants que pour les patients.

Bien sûr, malgré notre impatience à tous, la montée en charge progressive de l’ensemble des études de médecine générale et de spécialités à Orléans nécessitera la coopération étroite avec la faculté et le CHU de Tours, le respect des impératifs de CHU et la réponse appropriée sur une période de 4 à 5 ans aux contraintes humaines, techniques et financières tant à la faculté de médecine d’Orléans qu’au CHR, grâce à l’instance de coordination entre les deux établissements (recrutement de personnels très qualifiés, locaux, matériels de formation, plannings). Tous aspects du projet que l’État devra prendre en compte dans ses engagements quant aux budgets alloués à leur fonctionnement actuel et à leur mise à niveau respectif par un budget spécifique ciblé exceptionnel programmé sur 5 ans minimum. La disparition partielle ou totale annoncée de la T2A, Tarification A l’Activité, ne devra pas reproduire les travers de la disparition du budget global des hôpitaux, enrichissant les CHU les mieux dotés et pénalisant les établissements les moins dotés comme ce fût le cas du CHR d’Orléans !

Améliorer les conditions de travail, casser le cycle infernal de fermetures itératives de lits et de baisses drastiques du personnel paramédical font partie du défi à relever par le CHU et nécessiteront un budget ciblé alloué par les autorités sanitaires.

L’indépendance orléanaise dans le domaine de la formation pratique initiale et de la formation continue, obligatoire, des titulaires et des étudiants médecins et soignants, pourrait être optimisée à peu de frais par la création locale d’un vrai Centre de Simulation en Santé sur le site du Nouvel Hôpital, d’accès facile, à proximité immédiate des services hospitaliers mais aussi ouvert à tous les professionnels de santé de la Région, tant publics que privés qui souhaiteraient en bénéficier.

La grande proximité de la faculté de médecine et du CHR d’Orléans, facteur d’attractivité auprès des étudiants à la recherche d’un confort de vie lors d’études longues et difficiles et d’un lieu d’installation sécurisant

La proximité du Nouvel Hôpital d’Orléans et de la faculté de médecine sur le campus de La Source est également un atout majeur pour les jeunes de choisir de faire l’entièreté de leurs études de médecine à Orléans, études théoriques et stages pratiques hospitaliers ou chez le médecin généraliste.

Beaucoup d’entre eux resteront ainsi géographiquement proches de leurs familles et de leurs amis. Un hébergement étudiant à proximité, rapidement disponible et moins onéreux que le secteur privé, facilitera leur vie quotidienne de célibataire ou de couple, avec ou sans enfants, sans dépenses excessives de transport et de perte de temps.

L’accueil bienveillant mais exigeant des étudiants, la création de liens professionnels respectueux et même d’amitié, une formation solide dans la spécialité choisie les inciteront à n’en pas douter à s’installer à la fin de leurs études de médecine dans la Région, avec en poche un réseau professionnel déjà conséquent bien fourni, l’isolement professionnel étant la crainte majeure des jeunes diplômés.

L’implication de tous les hospitaliers est susceptible de dynamiser un projet d’établissement d’envergure plein de sens : mais tout ne sera pas en un jour

Enthousiastes, mais parfaitement lucides, les promoteurs médicaux du CHR et ceux de l’Université d’Orléans à l’origine du projet ont bien conscience que de nombreux obstacles devront être franchis avant de récolter pleinement les résultats de cet effort collectif intra-hospitalier et extrahospitalier, n’impliquant pas seulement les enseignants-chercheurs de l’Université, les médecins, PU-PH, Chefs de clinique, soignants, directeurs, administrateurs, mais tout le personnel hospitalier, en fait tous les métiers représentés au CHR au service des patients et plus largement de la population générale de sa Région.

Une communication précise et régulière de l’avancée des travaux, intra et extrahospitalière, facilitera l’élan personnel et collectif dans les  deux établissements, sans oublier la communication vers le public directement concerné par la prise en charge de ses besoins réels de santé et par conséquent par la démographie médicale.

La créativité de tous devrait être sollicitée à la recherche de solutions innovantes, y compris auprès des professionnels de santé extérieurs à l’établissement afin que ce projet de CHU devienne aussi leur projet.

Le nouveau projet médical CHU du CHR à l’aune de sa prise de fonction renforcée dans le domaine de la formation se décline concrètement en plusieurs étapes en cohérence avec les objectifs et moyens à mettre en œuvre.

Citons brièvement la création de postes hospitalo-universitaires, de PU-PH, de chefs de clinique, de chefs de clinique assistants, d’internes de médecine générale et de spécialités, du renforcement des effectifs de certaines équipes médicales ou chirurgicales en place, de la création de nouvelles activités médicales, paramédicales, médicotechniques à la recherche d’une cohérence organisationnelle d’ensemble. Ainsi, le CHU devrait profiter de cette opportunité pour développer des activités de soins de chirurgie cardiaque, à tout le moins ses activités de cardiologie interventionnelle. La réorganisation interne des hôpitaux annoncée par le président de la République sera l’occasion inespérée de repenser la place prépondérante des services au sein de l’hôpital largement délaissée par la Loi HPST et ainsi que le rôle du président de la CME, instance représentative élue de la communauté médicale marginalisée par l’organisation hospitalière en pôles.

Le succès de chaque équipe impliquée dans le soin, l’enseignement et la recherche repose également grandement sur la cohésion de l’ensemble de la structure, sur le travail des autres équipes de spécialités au sein même de l’établissement, avec une émulation collective sans compétition vaine entre les équipes, sinon à la recherche de l’excellence au bénéfice de tous, de la notoriété et du rayonnement du CHR dans le concert des CHU.

La réaction très positive des membres de l’APHO à l’annonce de la création du CHU à Orléans

Les membres de l’APHO active depuis dix ans, préoccupés de préserver au long cours le patrimoine hospitalier physique, intellectuel et artistique du CHR d’Orléans à travers les âges – passé, présent et futur – ne pourront qu’applaudir à ce changement majeur de statut en CHU, gage d’une évolution concrète très positive dans l’avenir proche en s’inscrivant avec fierté dans la continuité de l’histoire du CHR d’Orléans de génération en génération.

Les membres de l’APHO, réunis en janvier 2022 autour de leur Présidente, soutenaient déjà l’universitarisation du CHR d’Orléans. (c) VP/CHRO

Vœux 2023 : souhait 2022 exaucé ! Une chance exceptionnelle à saisir par le CHR d’Orléans pour être un acteur majeur de la lutte contre les déserts médicaux dans sa Région

Participer individuellement à la création effective du CHU d’Orléans, c’est aussi penser le futur collectivement. Le vivre pleinement peut devenir un levier de mobilisation sans précédent, facteur de succès pour les deux établissements, la faculté de médecine et le CHRU d’Orléans.

A l’aube du Nouvel An 2023, c’est bien le meilleur avenir bien mérité qui se profile à l’horizon que puisse souhaiter un membre de l’APHO à tous les membres de la communauté hospitalière du CHU d’Orléans au service de la population de sa Région.

Docteur Christian FLEURY

Administrateur de l’Association des amis du patrimoine hospitalier d’Orléans.

Ancien président de la Commission Médicale d’Établissement du CHR d’Orléans.

(c) APHO – 20 janvier 2023.