Les Sœurs de la Providence

Sœurs de la Providence de Ruillé sur Loir.

P comme Providence

Se sentir aimé par les malades

Le fondateur des Sœurs de la Providence de Ruillé sur Loir est Jacques-François Dujarié (1767-1838). Il fut ordonné prêtre le 26 décembre 1795 et nommé curé de Ruillé sur Loir en janvier 1803. il le resta jusqu’en 1836.. Il fit construire une maison d’accueil pour héberger les pauvres , les enfants abandonnés et les malades, maison qu’il dénomma « La Petite Providence ». Elle ouvrit ses portes en 1806.

Tout a commencé à la Petite Providence, demeure située sur « les Hauts de Ruillé ». On y accueillait les pauvres et les enfants.

Les sœurs choisissent Melle Zoé Rolland du Roscöat comme 1ère supérieure générale. Elle ouvrit aussitôt une classe pour les enfants.

La salle de classe, visible encore de nos jours à la Petite Providence.

Mère du Roscöat est emportée par la maladie, deux ans après sa nomination. Perrine Aimée Lecor lui succède le 13 avril 1820. Elle est élue Supérieure générale, le 8 septembre 1822. L’abbé Dujarié lui donna le nom de Mère Marie. Elle gouverna l’Institut pendant près d’un demi siècle.

Mère Marie LECOR (1792-1873)

Sous l’impulsion de Mère Marie Lecor, de nombreuses communautés naissent en France pour servir les pauvres, les enfants et les malades. En 9ans, elles passèrent de 7 à 52. Fondations d’écoles comme à Ternay, Prunay, Thoré, Azé, Vendôme, et à l’hospice de Montoire…Par la suite les sœurs enseignantes s’installent dans toute la France, puis en Angleterre, Belgique, Pays-Bas et en dehors de l’Europe, comme les États-Unis, Sri Lanka et Madagascar.

En 1837, lorsque les sœurs de la Providence arrivèrent sur l’Hôpital Général d’Orléans, elles ne pensaient pas y rester 143 ans.

Elles avaient en charge l’hospice de vieillards, les aliénés et les enfants orphelins, trouvés et abandonnés, soit environ 1500 lits.

Cérémonie d’adieu – Salle du conseil d’administration – Mercredi 1er octobre 1980. De gauche à droite: Sœur André-Marie Chartier, Sœur Célina Caharel, Sœur Marie de Saint-Joseph Fauchon, Sœur Marie-Anne Jouet,Sœur Marie-Juliana Falhun, Sœur Marie-Gisèle Frin, Sœur Solange Tironneau. (c) APHO

Sœur André-Marie CHARTIER était secrétaire de l’Hospice. A reçu lors de cette cérémonie la médaille d’Or pour 45 années de bons et loyaux services à l’hôpital d’Orléans.

Sœur Célina CAHAREL, affectée aux Services Généraux de la Communauté.

Sœur Marie-Anne JOUET, adjointe à la surveillante du service Saint-Agnès.

Sœur Marie de Saint-Joseph FAUCHON déléguée de la Mère Générale de la congrégation a été Supérieure de la Communauté de 1964 à 1970. Elle est restée en Orléanais jusqu’en avril 2021 et vit désormais dans la Maison Mère à Ruillé. Elle vient de fêter ses 96 ans.

Sœur Georges-Bernard exerçait son ministère dans la salle Saint-Pierre.

Sœur Juliana avait en charge les Utilisés.

Fin 1977, Jean-Pierre Gusching, nommé directeur de l’ensemble des services de personnes âgées, se préoccupa du sort des religieuses.

« Quand vous reposez-vous ? « leur demanda-t-il.

En effet elles étaient présentes auprès des pensionnaires nuit et jour…

Lors de la cérémonie d’adieu organisée par la direction et le conseil d’administration du CHR d’Orléans, deux médailles et divers cadeaux furent remis aux religieuses dont la communauté était réduite en 1980 à 7 membres seulement.

A leur départ, elles se retirèrent pour la plupart dans leur Maison Mère à Ruillé sur Loir (Sarthe).

Certaines restèrent sur l’Orléanais et formèrent une petite Communauté comme Sœur Marie-Joseph Fadier, qui fut la dernière religieuse à avoir travaillé au CHR (Saran) après 1980 et jusqu’en 2000.

A Orléans comme à Ruillé, elles se remémorent régulièrement les bons moments passés à l’hospice où elles avaient principalement en charge les vieillards.

La dernière Supérieure de la communauté orléanaise, Sœur Marie-Gisèle était toujours en activité en 2010 à Ruillé sur Loir accompagnant les sœurs les plus âgées. Elle est décédée le 6 décembre 2018.

Témoignages :

Quand Sœur Marie-Bertrand est arrivée, la congrégation comprenait 35 sœurs :

J’ai travaillé dans le seul service de l’Hôtel-Dieu tenu par les sœurs de la Providence ; c’était le service des contagieux dont le médecin-chef était le Dr Jean Grosbois. J’avais comme interne le Dr Claude Gueveler, passionné par son métier avec qui nous avons mis en place un service de consultations pour personnes âgées…ça n’existait pas auparavant. Dans l’hospice nous avions en charge près de 800 pensionnaires. J’ai ensuite été mutée à la salle Saint-Denis qu’on appelait également Infirmerie hommes. La 1ère semaine, j’ai eu un décès par jour. Je vivais avec les malades 24h/24 et disposait d’une simple cloison de séparation. 

Sœur Marie-Bertrand garde un bon souvenir de l’hospice malgré la misère et le peu de moyens dont elle disposait. Elle a terminé sa carrière à l’hôpital Pierre Lebrun de Neuville aux Bois.(décédée en février 2021)

En 1979, Sœur Anne-Marie Coudray était à Sainte-Agnès ou le service de formation continue s’installa par la suite. Elle travailla avec le Dr Rémy Milcamps. La mère supérieure était Sœur Marie-Gisèle et la communauté comportait 15 sœurs.

Dans cette salle commune, nous avions des déficients mentaux qui venaient de Fleury. Nous les occupions en leur faisant faire quelques travaux : coussins, tapisseries, poupées, macramés.

Une exposition-vente avait lieu tous les ans à l’hospice et les subsides recueillis finançaient les activités de l’animation 3ème âge.

Sœur Marie exerçait dans les salles Saint-Euverte et Saint-Denis. 

Dans la salle commune les lits étaient disposés côte à côte avec une petite table de nuit les séparant…Le parquet était ciré une fois par semaine mais quand nos vieillards revenaient du café de la Croix-Morin, il ne brillait plus bien longtemps Quand leur état d’ébriété était sévère nous les signalions à l’administration. Leurs noms (les punis) étaient affichés dans le service et leurs vêtements civils étaient confisqués ; du coup ils ne pouvaient plus sortir.

La salle Saint-Euverte au début du siècle dernier, situé au 1er étage de l’Hôpital général/Bâtiment Ouest) (c) APHO

Sœur Renée-Maria a œuvré dans le service Infirmerie Femmes pendant 50 ans.

Sœur Marie-Madeleine Dufeu alias Sœur François-Dominique Dufeu est arrivée sur l’Hôpital Général en 1967. A mon arrivée, la congrégation hospitalière comptait 38 religieuses. J’ai exercé dans les services Vernou et à la Pension Roux, puis je suis repartie en 1971. J’ai ensuite fait mes études d’infirmières à Orléans avec comme Directrice Me Chevallier. Revenue sur l’Hospice en 1978, Sœur Suzanne Fauchon, alors Mère Supérieure m’a attribué la salle Saint-Pierre. Je couchais dans le service avec les pensionnaires. Je suis restée en Orléanais, hors hôpital, jusqu’en avril 2021 puis j’ai rejoint la Maison Mère au Mans.

Sœur Marie-Joseph Fadier a travaillé comme infirmière à la Maison de cure de Saran jusqu’en 2000. Ce fut la dernière religieuse en exercice sur le CHR d’Orléans. Elle est décédée le 15 août 2012.

Sœur Chantal Foucray a exercé dans les services de Vernou, Sainte-Anne et à Saran.

Sœur Marie-Gisèle FRIN a été, la dernière Supérieure de la Communauté de 1970 à 1980.(également surveillante Chef de l’Hospice). Elle est décédée en 2018.

Lors de notre départ le 1er octobre 1980, la communauté était réduite à 7 membres seulement. Le chiffre maximum des sœurs servant aux hospices avait été atteint en 1911 avec 45 religieuses. A notre départ la Direction nous a signalé en douce, qu’il faudrait 3 à 4 agents pour remplacer chaque sœur. Les malades étaient aimés et en retour nous nous sentions aimés aussi. 

Nous nous laissions guider par la Providence…

Sœur Henri Dominique, durant ses stages a travaillé avec le Dr Pierre Dauphin à Froberville et à la Fondation Payen. Elle est entrée en noviciat à Ruillé en 1963. Soeur Henri Dominique a surtout exercé dans la congrégation des fonctions administratives: Un mandat de Conseillère de 1988 à 1994 – Supérieure générale de la congrégation de 1994 à 2006 – Conseillère générale de 2007 à 2018.

44 années se sont écoulées depuis le départ des religieuses de la Providence. De 1837 à 1980, environ 1500 religieuses ont exercé à l’hôpital général d’Orléans.

Les anciens hospitaliers se souviennent encore de leur engagement et dévouement, mais aussi de leur humilité et discrétion.

Témoignages recueillis en 2010 puis en 2024 à la Maison Mère de Ruillé sur Loir et lors de nos échanges épistolaires réguliers notamment avec Sœur Marie-Joseph Dauvet (+ en 2022), Sœur Marie Lydie, Sœur Henri-Dominique et Sœur Marie-Madeleine Dufeu.

En 2024, de grands travaux de réhabilitation sont en cours dans la maison mère à Ruillé sur Loir ou résident 11 sœurs, 22 religieuses sont hébergées à l’EPHAD Dujarié jouxtant les bâtiments de la communauté.

La congrégation de la Providence n’est pas oubliée. Une délégation de l’APHO a été leur rendre visite à Ruillé sur Loir, le 31 mai 2024.

Accueil de la délégation APHO à Ruillé sur Loir dans la cour d’entrée / de gauche à droite: Sœur Marie-Madeleine Dufeu, Dominique Gaucher, Claudine Martinez, Danièle Desclerc-Dulac, Dr François Caplan et Sœur Jacqueline Bréant.

Source: Congrégation des Sœurs de la Providence de Ruillé sur Loir, archives hospitalières et APHO.

© APHO / Juin 2024