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Hôtel-Dieu : Reposoir

L’image du mois de septembre 2020
Hôtel-Dieu : Reposoir

Cette carte postale ancienne (CPA) de 1904 est une pièce rare, car elle a été tirée à peu d’exemplaires. C’est une carte dite animée car y figurent de nombreux personnages (environ 150). Ce type de carte a une valeur historique indéniable, c’est la raison pour laquelle elle fait l’objet de cette étude détaillée.

Cette CPA a été éditée en l’honneur de la Fête-Dieu. Cette fête est une solennité religieuse en l’honneur du Saint-Sacrement au cours de laquelle une hostie consacrée est offerte à l’adoration des fidèles.

La photo est prise dans la cour d’honneur de l’Hôtel Dieu où se déroulait tous les ans une célébration solennelle à laquelle participait bon nombre d’hospitaliers, malades et résidents.

Les Sœurs Augustines (en bas à gauche de la carte) sont très concernées car c’est une moniale augustine, Sainte -Julienne qui a fait instituer cette fête. Les origines de cette cérémonie remontent selon certains historiens au XIIe siècle et était célébrée autrefois le jeudi après le dimanche de la Sainte-Trinité. Une procession partait ce jour là de la chapelle de l’hôpital, dite procession du Très Saint- Sacrement. Ce dernier était porté dans un précieux ostensoir permettant à tous de contempler l’hostie pendant la cérémonie conduite par les 3 aumôniers des Hospices Civils d’Orléans et en présence du clergé du diocèse

Pour cette célébration de la Fête-Dieu, la cour d’honneur a été richement décorée : guirlandes de fleurs et feuillages, couronnes tressées, quelques sapins coupés le long des piliers, des étoiles, des tentures de couleur recouvrant les 4 piliers abritant l’autel…

À trois endroits différents, les armoiries des Hospices Civils d’Orléans sont représentées en façade:

Deux de part et d’autre de l’autel et une centrale surplombant le tableau peint du Saint Sacrement.

C’est depuis le XVe siècle que ces armoiries sont représentées sur bon nombre de documents concernant l’Hôtel Dieu.

Un livre sur la règle de Saint Augustin décrivait ainsi ce blason : 
« une croix dans un croissant qui est la marque de la maison « .

Ce blason d’ailleurs, ne représentait pas une ancre marine, mais vraisemblablement le symbole de la Charité, la charité hospitalière stipulant que de tous temps nous devions accueillir, soigner, soulager les malades, les indigents, gueux, enfants abandonnés et trouvés, infirmes, pèlerins dans des temps plus anciens…

Depuis le 1er janvier 2004, le Centre hospitalier régional d’Orléans a une nouvelle identité visuelle et ce blason n’est plus utilisé.

Les Sœurs Augustines que l’on voit ici en adoration devant le Saint-Sacrement étaient très attachées à la Fête Dieu. Ces religieuses soignaient les malades depuis des siècles dans l’ancien Hôtel-Dieu, situé auparavant au nord ouest de la cathédrale Sainte Croix. Depuis décembre 1844, elles résidaient rue Porte Madeleine, dans le nouvel Hôtel Dieu au 1er étage (ancien service de rhumatologie). Elles quittèrent le Centre hospitalier régional d’Orléans le 30 janvier 1976 se retirant à la Solitude, maison de convalescence qui leur appartenait à la Chapelle Saint -Mesmin. Elles s’installèrent ensuite à Étampes lorsque leur immeuble fut vendu à la ville de la Chapelle Saint Mesmin devenant l’Hôtel de Ville.

La supérieure des religieuses Augustines était Pauline RIVET ( nommée sœur supérieure en 1903 ). Cette carte postale date de 1904.

Les sœurs augustines probablement présentes ce jour-là étaient :

Barbe JUBE, Joséphine GALINANT, Pauline BELLET, Louise REMOND, Adeline MOTHIRON, Marie FOUQUEAU, Clémence LACOUR, Julie

PINAULT, Adeline BOUILLY, Marie D’ORSANNE, Juliette RUBEN, Victoire CHARPENET, Éva DURET, Clémence ROUSSEAU, Jeanne JUDEAU

Bathilde CHAMBON, Adèle DEFAY, Marie Louise LAMBERIOUX, Berthe LAVAINNE, Madeleine LAMARRE, Marie MASSICARD, Jeanne JUQUEAU

Les enfants de la Crèche (à gauche du reposoir)

C’est sous le Directoire que les hôpitaux avaient pour obligation de recevoir gratuitement les enfants trouvés et abandonnés. Ces derniers étaient accueillis à la Crèche de l’hôpital.

150 enfants environ étaient hébergés en ce lieu situé initialement à l’emplacement du Pavillon Sabatier Ce service fut transféré à la construction de ce pavillon en 1840, dans le pavillon Sainte Anne. Ce bâtiment existe encore aujourd’hui à l’Est de l’ancien hôpital Porte Madeleine mais il était désaffecté car trop vétuste. Dans la Crèche il existait 3 classes d’enfants: les enfants trouvés, abandonnés, et les orphelins; beaucoup de ces enfants étaient placés dans des familles à la campagne. C’est en 1935 que ce service d’assistance publique fut transféré à la Pouponnière devenant ensuite la Maison de l’Enfance.

Les enfants de chœur (au centre près du reposoir)

Les enfants de chœur, résidant à la crèche étaient chargés des nombreuses cérémonies religieuses ayant lieu à l’hôpital. Ils ont logés dans un 1er temps à Saint-Paulin puis au rez de chaussée du bâtiment Sainte-Anne, du côté sud. Il existait encore quelques enfants de chœur début des années soixante.

Sur cette CPA figurent certainement les 3 aumôniers des Hospices Civils d’Orléans qui officiaient en 1904 :

  • Médard Augustin DESNOYERS
  • Jules Alexandre ROCHER
  • Jean Baptiste Ambroise CHAMPAGNE

Chapelle Saint-Charles/La procession

Après la messe solennelle dite à la Chapelle Saint-Charles de l’hôpital, la procession démarrait. Elle empruntait en partie la rue Porte Madeleine, rejoignant la cour d’honneur de l’Hôtel-Dieu où était dressé le reposoir, autel provisoire destiné à abriter temporairement le Saint-Sacrement lors des processions. La sortie de l’église se faisait par le portail nord. La procession s’ébranlait, le 1er aumônier des Hospices, l’abbé DESNOYERS ouvrant la marche portant l’ostensoir; suivaient les enfants de chœur, le clergé, les religieuses, les administrateurs, les militaires, les personnels, les résidents de l’hospice…Les porteurs du dais et porteurs de cierges devaient être recrutés parmi ces résidents.. Tout au long du parcours, le dais protégeait le Saint-Sacrement. Le dais est un carré d’étoffe soutenu en matière de toit par des porteurs, abritant l’officiant tenant l’ostensoir.

Les militaires ( tout à droite du reposoir)

Dès la fin du XVIIIe siècle il existait déjà un hôpital militaire dans l’ancien Hôtel- Dieu au nord ouest de la cathédrale Sainte Croix, dans la salle Saint-Lazare.

Dès la translation vers le nouvel Hôtel-Dieu fin 1844, les militaires y furent accueillis comme par le passé. rue Porte Madeleine.

L’hôpital militaire était situé dans le pavillon Sabatier et disposait d’environ 120 lits.

À cette époque, le médecin principal et chef des services s’appelait M. JEUNEHOMME. Il est à noter que cet hôpital militaire subsista au centre hospitalier régional d’Orléans jusqu’au 1er avril 1968.

Sur cette carte postale, dans la cour d’honneur, à droite de l’autel, une quinzaine de militaires assistait à cette cérémonie. Deux militaires portent des bandages à la tête, un est en fauteuil roulant, l’autre sur un brancard.

Dans la cour d’honneur de l’Hôtel Dieu, l’assistance était très nombreuse. La Fête Dieu se fêtant à la mi juin, il devait faire très chaud car quelques participants se protègent du soleil avec leur parapluie.

Direction

En 1904, l’hôpital était dirigé par E.COZNU (secrétaire général des hospices). V.CIMETIERE (receveur) A. THORY (économe) N. HEURTEAU (secrétaire honoraire)

Les médecins et chirurgiens de l’Hôtel Dieu étaient:

H. DESHAYES, R. HALMAGRAND, G. BEAURIEUX, P. GREFFIER, G. ROCHER, G. LUIZY, H. CHAIGNOT, L.VACHER, Ch. FAUCHON, H.CŒUR, A.DUFOUR, R.MARMASSE, M.JAULIN, M. COVILLE, R. TOUCHE.